Elle incarne, aux yeux des Ivoiriennes, le leadership féminin. Elle se bat pour la cause des femmes et ne cesse de monter au créneau pour les encourager à être plus visibles dans la vie sociale et politique. Elle, c’est Mme Mariam Dao Gabala, connue sous le pseudonyme Jacky. Dans cet entretien, elle s’exprime à coeur ouvert sur divers sujets.
Quel est votre secret pour conserver cette fraîcheur et cette vivacité gracieuse qu’on vous connait ?
(Rire) C’est la nature. Je pense qu’il faut se sentir bien dans sa peau. Quand on se sent bien dans sa peau, cela rejaillit sur le visage. Disons que ma sérénité intérieur y est pour quelque chose. Sinon, je ne fais rien de particulier à part le sport.
On vous imagine mal sans foulard. D’où vous vient cet amour pour les foulards ?
(Sourire) C’est une histoire qui qui s’est créée avec le temps. J’avais acheté des échappes, des morceaux de pagne kita que je décorais avec des perles pour me donner un style particulier. l’idée m’est venue de ne plus me défriser. Mais, quand mes cheveux ont atteint une certaine épaisseur, j’ai dû les couper. Je me suis dit
que si je mettais le foulard, ça m’irait mieux avant la repousse de mes cheveux.C’est comme ça que j’ai décidé de mettre le foulard. Mon mari l’a aimé et c’est resté.
Entre la tresse et la coiffure, quelle est votre préférence ?
Je préfère la tresse.
Pourquoi ?
C’est une histoire très personnelle.Mes amies vous diront qu’elles ont rarement vu Mariam ou Jacky avec des mèches, tissages etc. Parce qu’en mon for intérieur, je veux rester Africaine. Chaque fois que je fais un tissage, je ne me sens pas à l’aise dans ma peau. Donc, il m’arrive de faire les nattes libériennes ou les grosses nattes avec des cauris (…). Je préfère rester l’Africaine que je suis avec mes nattes.
A voir votre teint d’ébène, vous êtes le prototype de la femme africaine. A l’instar de nombreuses femmes, n’êtes vous pas tentée de vous dépigmenter vu les milieux que vous fréquentez ?
Pour moi, la dépigmentation est une horreur . Celles qui le font sont complexées. Elles ont envie d’être autre chose que ce qu’elles sont.C’est vraiment dommage. La dépigmentation est un problème de santé publique. Elle expose les femmes au cancer de la peau. Les femmes doivent se dire qu’on est belle soi-même. Ensuite, il faut qu’elles sachent qu’il y a la beauté en toutes choses. Celles qui se dépigmentent ne savent pas les bienfaits de la peau noire. Il suffit de connaître ce qui va avec votre peau pour la rendre plus éclatante. Il faut aussi avoir une bonne alimentation et une hygiène de vie Moi, par exemple, pour permettre à ma peau de respirer, je peux faire une semaine sans me pommader. Nous, les femmes, nous avons peur de la transpiration. Mais quand vous permettez à votre corps ou à votre visage de transpirer, cela permet à la peau d’évacuer les toxines.
On vous définit en tant que mère ou ou épouse ?
Je suis les deux. Je suis mariée,j’adore mon rôle de mère. Je me définis comme une mère, une épouse et une femme leader.
Le fait d’être une femme leader n’a-t-il pas un impact négatif sur votre foyer ?
Bien au contraire.Ma petite famille en tire quelque chose de positif. Parce quand on est femme leader, on est obligée d’être un modèle chez soi-même.Lorsque je donne des cours aux femmes qui désirent s’exprimer dans la vie publique, la première chose que je leur dis, c’est d’enlever et d’enterrer proprement les cadavres qu’elles ont dans leur placard. Car on ne peut pas vouloir être le meilleur si dans sa propre vie rien ne va. L’avantage pour moi, ça m’a donné une plus une grande capacité d’organisation. On ne peut porter plusieurs chapeaux si on n’a pas le sens de l’organisation. Le soutien de mon mari m’a beaucoup aidé. En toute chose , il faut savoir planifier.J’ai commencé ma carrière dans les ONG, clubs services etc. Et quand j’ai arrêté, j’ai essayé de bâtir ma carrière.
Que devient la Coalition des femmes leaders ?
La Coalition des femmes leaders continue son petit bout de chemin.Il faut signaler qu’à un certain moment, nous avons travaillé dans le silence. Nous avons formé de nombreuses femmes pour s’insérer dans le tissu social. Il faut savoir travailler dans l’ombre.
« Pourquoi pas une femme ? » est l’un de vos leitmotivs à chacune de vos sorties. Peut-on en savoir plus sur ce concept ?
J’amène les femmes à prendre conscience de leur citoyenneté. La femme est une citoyenne à part entière. Elles ne sont ni meilleures ni pires que les hommes. Donc,elles ont le droit de prendre part à la vie publique. « Pourquoi pas une femme » pour contribuer à la constitution de la nation. «Pourquoi pas une femme » pour être performante dans son domaine d’activité : une meilleure élève à l’école… Ce concept se décline donc en plusieurs autres. Une façon de montrer que la femme aussi j’existe. Elle est capable de donner le meilleur d’elle-même.C’est vrai qu’au début, les gens ont pensé que c’était pour des questions d’ordre politique. Alors que c’est pour décrire une situation. Aujourd’hui, même les élèves du primaire se battent pour être major de leur classe. Et c’est cela notre objectif. C’est pourquoi, je bénis Dieu d’être une femme et de m’avoir mise au service de ma nation.
Au sortir des législatives, municipales et régionales, quel bilan faites-vous de la participation des femmes à ces élections ?
Il est mitigeux. Nous avons commencé il ya dix ans et en dix ans, on n’a pas tous les résultats qu’on veut. Mais l’engouement des femmes a été satisfaisant.Je vous jure qu’auparavant on n’a jamais vu autant de femmes se porter candidates à des élections. Il faut que les femmes expriment leur ambition.Une femme aux élections présidentielles, 124 femmes aux législatives etc. Dieu merci, les femmes ont compris que si elles ne se présentent pas, elles ne seront pas élues. Maintenant, il faut que nous suscitons plus de femmes qui se sont présentées
à ces élections, malheureusement nous n’avons pas atteint les 30%. Ce qui veut dire que nous devons redoubler d’effort. Mais, notre combat est freiné parce que malgré nos efforts,si au niveau de la tête, on ne prend pas une décision pour dire de faire en sorte pour ne pas oublier les femmes, nous allons attendre longtemps. Quand on
nomme un homme, on nomme une femme comme adjointe. Au niveau même de l’administration il ya encore de la résistance. Alors que que par ces temps qui courent, la personne qui peut réconcilier, c’est la femme. Mais, nous reviendrons dans cinq ans.
Parlons d’Oikocrédit dont vous êtes le Regional manager…
Oikocrédit est une structure de financement personnes que les banques ne financent pas. C’est-a-dire les coopératives, les micro-finances les organisations de commerce équitable et les PME.
Un mot sur Koundan magazine ?
C’est un très bon magazine qui permet à la gent féminine d’avoir une diversité de tresses et coiffures,des conseils sur la chevelure etc.