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Akissi Delta (Artiste-comédienne): »Si tout était à refaire, je n’évoluerais pas dans le cinéma »

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Loukou Akissi Delphine, c’est son nom à l’état civil. Mais pour le commun des Ivoiriens, c’est Akissi Delta. Un nom qu’elle porte depuis qu’elle a embrassé le métier d’actrice. De simple comédienne à « Comment ça va ? », une série télévisée de la chaîne nationale ivoirienne, elle est aujourd’hui l’une des fiertés de la Côte d’Ivoire en matière de cinéma. Et ce, grâce à « Ma famille », un téléfilm dont elle est la réa­lisatrice et qui l’a propulsée sur l’échiquier cinématographique africain et mondial. Dans cet entretien, Delta évoque la suite de ce téléfilm, ses joies et peines dans ce métier et livre ses choix en matière de beauté.

Quelle est votre actualité au plan professionnel ?

Présentement, je travaille à donner une suite au téléfilm « Ma famille ». Une suite qui aura pour titre « Ma grande famille » parce que j’ai essayé d’élargir un peu l’équipe. Les choses ont été difficiles à cause de la mort de certains acteurs que j’avais cooptés. Ce qui a boulever­sé le scénario de départ. Donc, il a fallu que je trouve d’autres per­sonnes pour redistribuer les rôles.

Vous aviez, à l’époque, demandé le soutien des autorités pour la deuxième saison de Ma famille. Peut-on dire que votre appel a été entendu d’autant que vous êtes en train de reprendre le tournage?

Je n’ai pas eu de soutien. Personne n’a répondu à mon appel. Mais, c’est le métier que j’ai choisi donc je fais avec. Je suis obligée de poursuivre malgré tout. De toutes les façons, la première partie n’a pas reçu de financement mais, Dieu merci, les choses ont marché. Le téléfilm a plu aux gens malgré les maigres moyens. Je pensais qu’après ce succès, des portes s’ouvriraient et que mon pays me soutiendrait pour que je poursuive le travail entamé, malheureuse­ment ce n’est pas le cas. Toutefois, je continue de me battre comme à la première saison pour faire avan­cer les choses.

De toute votre carrière, quels sont les moments qui vous ont le plus marquée positivement ?

Tout n’est pas rose mais tout n’est pas noir non plus. L’un des moments forts de ma vie, c’est la décoration que j’ai reçue l’an der­nier. C’est heureux de savoir qu’on pense à moi, qu’on me félicite et qu’on reconnaisse ce que je fais. La deuxième chose qui m’a mar­quée, c’est cette considération dont je bénéficie lorsque je sors de la Côte d’Ivoire. La troisième,On n’a aucune intimité. J’aurais préféré vivre une vie de femme au foyer avec mon mari et mes enfants, loin des micros et caméras. J’aurais préféré être connue dans le cercle restreint de ma famille, dans mon village et mener une vie tranquille. C’est mieux. Dans notre métier, celui que ne t’a jamais fréquenté se permet de te juger. Nous sommes exposés à la risée de tous. En tout cas, si je devrais reprendre tout, je vivrais loin du cinéma. Mais c’est ce métier que j’ai choisi, je n’ai pas d’autres choix que d’assumer.

Malgré les peaux de banane et autres difficultés, vous demeurez un exemple pour de nombreuses jeunes femmes. Quels conseils pouvez-vous leur donner ?

Je leur dirai de ne pas se décourager parce que le métier que nous exer­çons est bon même s’il ne figure pas parmi les priorités de notre pays. Chaque jour, je regarde la télé pour espérer entendre qu’on a subven­tionné, ne serait-ce qu’avec un mil­liard de FCFA, les métiers de l’art. Mais, il n’y a jamais rien. C’est dommage. On signe des décrets pour tout, sauf pour les artistes. C’est comme si on n’existait pas. A telle enseigne que je me demande pourquoi nous avons un ministère. On est premier producteur de cacao mais j’aurais aimé qu’on soit aussi premier dans d’autres domaines. Regardez ce qui se passe au Nigéria. Que ce soit dans la musique, dans le cinéma… les gens y ont beaucoup investi et ils sont en train de faire des merveilles. Pourquoi pas nous aussi ? Je ne dis pas qu’être premier producteur de cacao est mauvais, mais il n’y a pas que ça. Dans la fo­rêt, il n’y a pas que les gros arbres. Il y en a de plus petits qui font que la forêt est dense. Donc chacun a son importance.

Pour en venir aux questions de beauté, on vous voit très souvent en pagne. Pourquoi un tel choix vestimentaire?

J’ai choisi le pagne comme tenue de scène depuis que je tournais dans « Comment ça va ? » où je jouais sou­vent le rôle d’une femme au foyer. Le pagne me colle un peu à la peau. Chez nous en Afrique, on considère que la femme au foyer doit porter des pagnes. C’est ce que j’essaie de montrer mais en étant un peu sexy parce qu’il faut donner envie aux gens de s’habiller en pagne. En tout cas depuis « Comment ça va ? », beaucoup de personnes m’apprécient grâce à mes pagnes. Mais cela ne veut pas dire que je ne porte jamais de pantalon. Lorsque je suis à la maison, j’en porte. Mais quand je sors, je suis obligée de porter le pagne parce que beaucoup de gens m’iden­tifient au pagne et parfois, les gens attendent de voir un modèle de moi pour le dessiner et l’imiter.

Continuez-vous à dessi­ner vos propres modèles ?

Oui. Lorsque je peux, je le fais. Et même quand je ne dessine pas, je sais ce que je veux. Donc, je l’ex­plique aux couturiers qui m’habillent et ils le font.

Parlons de vos cheveux, on ne vous a jamais vu les cheveux courts. Pourquoi?

Vous ne m’avez ja­mais vu cheveu court, cela ne veut pas dire que je n’en ai pas. Je considère que ce n’est pas suffisant pour que je les expose.

Selon vous, quelles sont les quali­tés d’une belle femme africaine ?

Une belle femme africaine, c’est d’abord le coeur. Une femme blanche ne peut pas tolérer certaines choses que la femme africaine ac­cepte facilement parce que nous sommes éduquées à l’obéissance. Ce sont les hommes qui font que les gens s’appuient souvent sur le phy­sique. Selon moi, pour être belle, il faut porter ce qui va avec soi. Ce qui veut dire qu’avant de porter un vêtement, il faut se demander si cela va avec son corps.

Vous êtes toujours belle malgré votre âge. Quel est votre secret de beauté ?

Je ne sais pas si c’est un secret mais je contrôle tout ce que je mange. Je me prive de beaucoup de choses en ce qui concerne la nourriture. Quand je grossis un peu, je sais ce que je dois manger. Et lorsque je dois sortir, je ne mange pas du tout. En plus, je ne fume pas, je ne bois pas. Au-delà de cela, je me maquille comme toutes les femmes. Je lave mon visage avec de l’eau glacée après mon bain. En plus, je n’utilise pas de serviette. Dès que je sors de la douche, je me frotte du beurre de karité, auquel j’ajoute un peu d’huile, sur tout mon corps. Après le beurre de karité, je mets ma pommade. J’utilise l’eau gla­cée pour mes seins.

Quel sera votre style vestimentaire en 2014 ?

En 2014, je réserve beaucoup de bonnes choses. D’abord la sortie du film « Ma grande famille ». Puis, au niveau vestimentaire, c’est toujours le pagne. Seulement qu’avec l’âge, la poitrine ne sera plus aussi visible. C’est aussi de moins en moins de décolletés.

Vos voeux pour la nouvelle année.

Il faut que les Ivoiriens adoucissent leur coeur et que les gens sachent que dans la vie chacun a son des­tin. Je voudrais m’adresser aussi à la presse : on ne montre pas son village avec la main gauche. Il faut faire attention à ce qu’on écrit parce que tout va si vite aujourd’hui que la moindre information erronée peut faire des dégâts inimaginables. J’exhorte aussi les hommes et les femmes des arts à plus d’unité parce que c’est dans l’union qu’on pourra relever les défis qui sont les nôtres. Qu’on apprenne aussi à s’entraider.

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