Mahi Sako (Journaliste): « la femme ivoirienne est le prototype de la beauté africaine. »
Son visage devient de plus en plus connu des téléspectateurs de la RTI 1. Elle, c’est Mahi Sako, présentatrice du journal de 23 heures. Cette talentueuse journaliste, arrivée de l’Afrique du Sud où elle a fait ses preuves à la SABC, lève un coin de voile sur sa vie professionnelle et intime.
Qui est Mahi Sako ?
Originaire de la région du Bafing et du centre, j’ai grandi en Côte d’Ivoire où j’ai fait tout mon cycle scolaire. J’ai une maîtrise en anglais et en communication. En 2004, je me suis envolée pour l’Afrique du Sud où j’ai pratiquement passé 8 années. Je suis revenue au pays en décembre 2012. Entre 2005 et 2010, j’ai travaillé à la télévision sud-africaine (SABC) où je présentais le journal. J’étais aussi productrice de nouvelles d’une chaîne panafricaine qui se veut l’équivalente des grandes chaînes comme la BBC ou CNN en Afrique. L’audience était purement l’Afrique australe. Mais progressivement, elle est en train de s’ouvrir sur les autres continents. La chaîne est déjà perçue dans les Caraïbes, en Amérique. Elle sera bientôt en Europe. Actuellement, je présente le journal de 23 heures de la RTI1.
Comment s’est fait votre passage de la SABC à la RTI ?
En 2010, je me suis retirée de la chaîne sud-africaine. Je voulais avoir mon expérience de la Coupe du monde. Surtout que c’était le premier Mondial qui se jouait en Afrique et l’Afrique du Sud avait l’honneur de recevoir ce grand évènement footballistique de portée mondiale. Je voulais marquer de mon empreinte cette première Coupe du monde africaine dont les générations se souviendront pendant des années. Donc, j’ai travaillé dans la cellule de communication du comité d’organisation du Mondial, en tant que productrice de nouvelles. En plus de donner un coup de main aux délégations francophones qui n’avaient pas de traducteurs en anglais. Après la Coupe du monde, j’ai été contactée par la RTI qui, dans sa volonté de relancer la chaîne, faisait appel à des talents extérieurs surtout qu’en 2015 l’espace audiovisuel ivoirien sera libéralisé. C’est toute heureuse que je me suis jetée dans un avion pour répondre à l’appel de mon pays.
Avez-vous réussi votre intégration ?
Je suis fière de dire que la RTI est une famille pour moi. J’ai été bien accueillie. Je remercie la direction et tous mes collègues pour leur soutien parce que quand on passe huit ans à l’extérieur, dans un système anglophone, et qu’on arrive à Abidjan, on est complètement dépaysé.
Votre mari est journaliste tout comme vous. Comment arrivez-vous à gérer votre foyer quand on sait que le métier n’est pas facile ?
(Sourire) Ça demande beaucoup de temps. Tenez-vous bien, lorsque je rejoignais la chaîne sud-africaine, j’étais en début de grossesse. Juste pour dire que c’est en étant à la SABC que j’ai donné naissance à mon premier fils. Ce n’était pas facile : donner naissance à un enfant à l’étranger sans un membre de votre famille à côté pour vous soutenir. Je n’avais aucune expérience de la maternité. Ici, au moins, il y a toujours une personne plus âgée pour vous assister. Alors que moi, je n’avais pas tout ça. Je suis allée à l’aventure avec mon mari. J’ai fait de mon mieux. La femme est forte de nature donc ce sont des épreuves qu’on arrive toujours à surmonter. En étant à la SABC, j’ai contracté ma deuxième grossesse. Encore un autre challenge. C’est à ce moment-là que j’ai rejoint l’équipe de communication de la Coupe du monde. Encore un autre défi. J’ai réussi à surmonter tout ça. Parce que la femme est prédisposée à ces choses-là. Elle est battante et courageuse. Surtout la femme africaine qui arrive toujours à faire face à n’importe quelle situation.
Quelle a été votre plus belle expérience en tant que journaliste ?
Rire). Je ne peux pas parler d’une seule expérience parce qu’il y en a plusieurs. Le métier de journalisme en est passionnant. On rencontre du monde, toutes sortes de personnalités… Le fait même de pratiquer ce métier en Afrique du Sud en étant bilingue, c’est une expérience que je ne peux exprimer. Apporter aux Sud-Africains ma contribution d’Ivoirienne francophone fut un mélange fantastique, explosif…
Et la plus mauvaise ?
C’est lorsque je devais me retirer de la SABC pour rejoindre l’équipe de la Coupe du monde. J’ai eu un pincement au coeur parce que c’était une famille pour moi. Mais j’ai réussi à surmonter cela.
Comment est perçue la femme ivoirienne en Afrique du Sud ?
Je vais peut-être vous surprendre, mais la femme ivoirienne est beaucoup enviée. Tout ce qui vient de l’Afrique de l’ouest, en particulier de notre pays, est le résumé de tout ce qui est fashion (…) Qu’est-ce qui est à l’origine de cela ? Peut-être que c’est en se frottant aux Africaines de l’Afrique de l’ouest, que les Sud-Africaines ont tiré cette conclusion. Quand on sait que vous êtes Ivoirienne, la première chose qu’elles vous demandent en vous abordant c’est de les aider à être dans le tempo de la mode ou bien à avoir des pagnes africains, des mèches pour le tissage et bien d’autres. Pour les Sud-Africaines, la femme ivoirienne est le prototype de la beauté africaine.
Tresse ou tissage, dans quel registre vous vous classez ?
Je préfère les tissages. Pour moi, la tresse est contraignante parce qu’elle prend beaucoup de temps. Néanmoins, je la trouve très belle. C’est le côté authentique de la femme africaine qui ressort.
Pour vous qu’est-ce qu’une belle femme?
C’est celle qui est belle à l’intérieur. Nous sommes des créatures de Dieu au caractère dual. Je m’explique : un être humain est fait de l’aspect intérieur et extérieur. Quand on a toutes les vertus d’une femme, c’est-à-dire une femme qui a la crainte de Dieu, qui respecte son prochain, une femme généreuse…cela dépeint automatiquement sur l’aspect extérieur. Une belle femme, c’est un tout, qui a une beauté tant intérieure qu’extérieure. Si une femme n’a pas toutes ces qualités, cela va se ressentir au plan extérieur quelle que soit la beauté physique qu’elle dégage.
Quel est votre style vestimentaire ?
En partie occidentale, c’est l’habitude. Puisqu’étant en Afrique du Sud, on n’a pas l’habitude de s’habiller panafricaine à proprement parler. Vous savez, les Sud-Africaines ont leur style zulu (vêtements faits de peau de bête…) qui, selon moi, ne couvre pas totalement le corps. En étant là-bas, il faut demander aux parents et amis restés au pays qu’ils te fassent coudre des tenues en pagne pour te les faire parvenir. Ce n’est pas évident en Afrique du Sud parce qu’il n’y pas de couturier pour les coudre. Ce qui fait que souvent, on est en déphasage avec la mode. Raison pour laquelle, j’ai plutôt embrassé le style occidental. Maintenant que je suis revenue au pays, je m’évertue petit à petit à embrasser le style pagne, disons le fashion à l’ivoirienne. Mais, pour l’instant, c’est toujours le style occidental : vestons, chemisiers, robes…
Que faîtes-vous à vos temps libres?
Quand je ne suis pas à la télé, je me rapproche de mes enfants, que je ne vois pas souvent. Donc, lorsque j’ai un bout de temps, je suis à la maison.
Votre plat préféré.
Etant donné que je viens de la région du Bafing et que j’ai des origines au centre, je suis beaucoup attachée au plat de foutou accompagné de sauce graine.
Pouvons-nous connaitre les astuces que votre grand-mère vous a léguées?
Ma grand-mère m’a montré deux astuces. La première, ne jamais, au grand jamais, se couper les cheveux. Les cheveux d’une femme sont son point de départ. Quand on se coupe les cheveux, on devient homme et on perd de sa beauté. Deuxièmement, elle a reconnu que de nos jours, c’est vrai qu’on utilise des pâtes dentifrices, mais une femme doit faire usage du cure-dent pour avoir des dents toute blanches. Ce sont ces deux astuces qu’elle m’a léguées.
Votre secret pour avoir un si beau teint ?
(Rire) Je fais régulièrement du sport. Je demande à toutes les femmes de se démaquiller tant au réveil qu’au coucher. Il y a surtout ce petit secret que je veux partager avec elle : il faut toujours faire passer son visage à la vapeur avant de se démaquiller. Cela ouvre les pores etc. Puis un petit gommage suivi d’un masque fera ressortir le teint.
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