Balogoune Adjaratou est la présidente de l’Association des commerçants du grand marché du Plateau-Dokui. Un marché flambant neuf qui ouvrira très bientôt ses portes aux populations abidjanaises. Dans cet entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, cette jeune diplômée de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny vante les qualités de ce marché qu’elle décrit comme une révolution en Côte d’Ivoire.
En général, les présidents d’association de commerçants sont des personnes d’un certain âge. Comment avez-vous fait pour être à la tête de votre organisation en étant si jeune ?
Je ne suis pas si jeune que ça. Mais je pense qu’il faut qu’on assure la relève et qu’on puisse émerger. Je voudrais rendre hommage à nos mamans qui ont réussi, sans être allées à l’école, à se hisser à un certain niveau de vie grâce à leurs activités commerciales. C’est pour suivre leur exemple que les jeunes femmes comme nous essayons d’avancer. C’est pourquoi, j’ai décidé de me présenter à l’élection de président des commerçants du nouveau marché du Dokui. Par la grâce de Dieu, j’ai été élue depuis près de huit (8) mois.
Les marchés sont souvent construits avec toutes les commodités, mais par manque d’entretien ils sombrent dans le délabrement. Quelles sont les dispositions prises pour assurer l’entretien de ce nouveau marché?
Je voudrais dire que l’hygiène est essentielle pour la santé des populations. Et si un marché, censé permettre aux familles de se nourrir, n’est pas propre, il est un danger pour les populations. Concernant celui du Dokui, je voudrais dire qu’il n’a rien à voir avec les autres marchés en Côte d’Ivoire. Sur le plan de la salubrité, des mesures draconiennes ont été prises pour assainir ce marché. Nous avons, pour ce faire, déjà contacté le ministère de l’Environnement qui a promis nous accompagner en nous fournissant les équipements qu’il faut pour assurer l’hygiène et la salubrité. Vous savez aussi que la bataille contre le réchauffement climatique est plus que jamais d’actualité. De plus en plus, on conseille aux gens d’adopter des comportements qui n’agressent pas l’environnement et en ce qui concerne ce marché, nous ferons tout pour l’inscrire parmi les marchés du monde qui respectent les règles environnementales. Nous ferons tout pour avoir le prix du marché le plus propre de Côte d’Ivoire.
Par le passé, beaucoup de marchés ont brûlé, ruinant ainsi des commerçants. Quelles dispositions avez-vous prises pour éviter une telle situation ?
J’en sais quelque chose parce que ma mère a vécu cela à Man. Après avoir tout perdu dans cet incendie, elle ne s’est plus retrouvée jusqu’aujourd’hui. En ce qui concerne le marché de Dokui, aucun commerçant ne pourra faire venir les petits électriciens de quartier pour faire des branchements anarchiques parce que les incendies de marchés dont vous parliez tantôt nous ont servi de leçons. Les branchements et les installations électriques ont été faits par des gens qui s’y connaissent donc à ce niveau, il n’y a pas d’inquiétudes. Un groupe spécialisé dans le bâtiment et les travaux publics en Côte d’Ivoire a confirmé que tout est dans les normes. En plus, le marché est assuré par un grand groupe d’assurance de la place. Tous les adhérents sont donc couverts. Les incendies sont aussi causés par le feu que souvent les restauratrices laissent dans le marché. A l’intérieur de notre marché, il n’y aura pas de restaurants. Ils seront à l’extérieur. En tout cas, tout a été fait pour éviter le drame des incendies.
Quelles sont les mesures sécuritaires pour éviter le cambriolage des magasins et l’agression des clients ?
A ce niveau, nous sommes le seul marché équipé d’un système de vidéosurveillance qui marche 24H/24. En plus, une grande société de gardiennage assurera la sécurité. Les gens seront donc filmés et tous leurs faits et gestes suivis. Il faut dire que la sécurité est très importante parce que lorsqu’elle n’est pas assurée, cela fait fuir les clients. Au marché du Plateau-Dokui, tout a été fait pour éviter les vols et les braquages.
De plus en plus de ménages se plaignent de la cherté de la vie. Y-a-t-il une politique particulière pour faire en sorte que le marché du Dokui soit le moins cher possible ?
C’est au niveau des denrées alimentaires que le problème se pose avec le plus d’acuité. Et à ce niveau, mon bureau et moi-même, sur les conseils de nos aînés, avons décidé de prendre les produits directement avec les coopératives dans les villages. Et à la longue, nous comptons acquérir des terres pour cultiver les produits vivriers en quantité suffisante. Cela va nous permettre d’offrir des emplois et de vendre les produits à moindre coût.
Et je voudrais dire que le contrôle du circuit des denrées alimentaires est le point clé de mon mandat. Il faut que ce marché soit sain. Aujourd’hui, beaucoup de denrées alimentaires entrent sur nos marchés sans être contrôlés. On ne sait pas d’où elles viennent. Le défi qui me tient à coeur est de contrôler tous les produits qui entrent sur le marché.
Comment le ferez-vous ?
Nous avons mis en place une commission d’enquête qui va sélectionner les fournisseurs du marché. Les gens ne déverseront pas ce qu’ils veulent sur le marché. Il faut que ceux qui ravitaillent le marché soient sûrs que ce qu’ils achètent a été contrôlé. Ce marché est une véritable révolution. Ce n’est plus le marché classique où nos mamans ont vendu. C’est une nouvelle vision. Nous avons déjà approché les services phytosanitaires qui ont promis nous aider dans ce sens.
Nos marchés se caractérisent par le véritable désordre qui y règne. Certaines vendeuses exercent leurs activités dans les allées empêchant ainsi les clients de passer. Avez-vous pensé à cela ?
Ce marché est moderne. La Côte d’Ivoire avance vers l’émergence, on ne peut donc se permettre de reproduire les erreurs du passé. Ce pays a besoin d’innovations pour avancer. Pour des raisons de sécurité alimentaire, nous ne permettrons pas que les gens s’installent de façon anarchique. C’est dangereux parce qu‘ils ne sont pas identifiés comme des commerçants exerçant dans le marché. Donc s’ils vendent n’importe quoi, on ne saura pas comment les poursuivre puisqu’ils peuvent disparaître du jour au lendemain. Aussi, nous avons approché une microfinance qui va octroyer des prêts aux femmes. Pensez-vous qu’on laissera des gens s’installer anarchiquement et mener une concurrence déloyale aux femmes qui ont souffert pour obtenir leur place dans le marché ? Si nous laissons cela prospérer, comment ces braves femmes vont-elles rembourser les crédits qui leur ont été octroyés ? Ce n’est pas possible. Ça ne se fera pas.
Avez-vous un appel à lancer par rapport au nouveau au marché du Dokui ?
Ce marché de 2000 places est bien situé. Il est composé de deux niveaux. Et tout est fait pour permettre aux femmes, qui le désirent, d’avoir des places. Que celles qui ont des difficultés nous approchent. Nous saurons les aider parce qu’il faut que les femmes se prennent en charge. Il y a encore des places disponibles. Le marché est situé au Dokui, mais nous invitons toutes les femmes des autres communes et de toute la Côte d’Ivoire à y venir pour constater la véracité de ce que nous disons.