Konaté Touré Fatoumata (Présidente de l’AFIECI): « L’émergence de la Côte d’Ivoire ne doit pas se faire sans les femmes inventeurs et entrepreneurs »
« Les chercheurs qui cherchent, on en trouve, mais les chercheurs qui trouvent on en cherche » dit un adage populaire. Me Konaté Touré Fatoumata, présidente de l’Association des femmes inventeurs et entrepreneurs de Côte d’Ivoire (AFIECI), ne s’y reconnaît pas. Elle dont l’association a, par le biais des inventions de ses membres, pu glaner de nombreux lauriers à l’échelle internationale. Juriste de formation et aujourd’hui notaire après plusieurs années passées au barreau, Me Konaté Touré Fatoumata a une expérience exceptionnelle dans l’encadrement
des femmes. De l’enseignement à son activité de consultante, elle a toujours ressenti le désir de se rendre utile aux femmes en général et à celles qui sont vulnérables en particulier.
Un inventeur, c’est qui ?
Un inventeur, c’est celui qui a une création originale susceptible d’apporter quelque chose de nouveau et contribuer à l’épanouissement de la communauté.
D’où vous est venue l’idée de créer une association pour les femmes entrepreneurs et inventeurs ?
Avant de parler de cette association, il faut dire que j’ai encadré des femmes au niveau de la société civile. J’étais aussi l’une des responsables de l’association des femmes juristes de Côte d’Ivoire. Nous avons mené beaucoup de campagnes à l’intérieur du pays auprès de la population civile au moment de la crise politico militaire et de la révision de la constitution en 2000. Lors de ces différents voyages, nous avons vu que la population féminine a besoin de formation, d’information, de conseils… Nous en avons donc fait l’un de nos chevaux de bataille. Cela nous a amené à être le conseil de la fédération des petites et moyennes entreprises. Dans ce cadre, nous avons rencontré des personnalités au niveau mondial sur la propriété intellectuelle qui nous ont beaucoup encouragés. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés en 2010 à Seoul, en Corée du Sud, pour représenter la Côte d’Ivoire à un forum des femmes inventeurs et entrepreneurs. L’idée de cette association est venue des rencontres internationales sur le droit de la propriété intellectuelle à Rome. En 2009, l’une de ces rencontres avait pour thème « International convention on intellectual property and competitivness of micro, smal and medium sized enterprise ». Il s’agissait de voir comment faire gagner de l’argent à une petite et moyenne entreprise par le biais du droit de la propriété intellectuelle. Nous y avons rencontré toutes les sommités du droit de la propriété intellectuelle sur le plan mondial. Au sortir de cette conférence, nous avons été cooptée par la présidente mondiale des femmes entrepreneurs inventeurs, la Sud-coréenne Mi Young, qui nous a invitées à prendre part au forum international des femmes entrepreneurs et inventeurs à Seoul en 2010. Mme Diallo et moi avons représenté la Côte d’Ivoire.
Qu’avez-vous gagné à ce forum ?
A cette rencontre, nous avons remporté une médaille d’or. Mme Diallo a présenté des produits sur le sorgho et les céréales utilisées dans la nourriture des enfants de notre pays. C’est ce qui lui a valu ce prix. Cela a été une motivation supplémentaire pour les femmes ivoiriennes et un encouragement de la part des Coréens qui ont réitéré l’invitation en 2011.Malheureusement, nous n’avons pu honorer cette invitation. En 2012, nous avons remporté
plusieurs médailles dont une en argent, une en or, une en bronze et la médaille de l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle. A cette édition, nous avons présenté des produits agricoles, la transformation du maïs, un produit contre l’anémie des enfants. En 2013, la délégation de la Côte d’Ivoire a pu avoir des médailles sur le plan artistique et agricole. Mme Ceres, présidente de l’Association de valorisation de l’agriculture, a présenté ses produits et ses activités en Côte d’Ivoire. Ce qui lui a valu une médaille. En ce moment la délégation ivoirienne se prépare à prendre part à la prochaine édition de ce forum. Nous nous sommes dit que l’association est en train de prendre de l’ampleur et qu’il faut par conséquent nous asseoir pour travailler sérieusement et mieux organiser nos activités.
Quel sentiment vous anime en pensant à tous ces prix?
Les prix ne font que booster notre engagement à aller de l’avant. C’est un motif d’encouragement. Pour nous, il faut que l’émergence de la Côte d’Ivoire se fasse aussi avec les femmes. Nous avons été édifiées par le cas du Vietnam où les femmes sont soutenues par l’Etat et font des merveilles. Nous sollicitons toutes les femmes pour qu’elles nous rejoignent afin qu’ensemble nous bâtissions notre association dans la solidarité.
Quels sont les objectifs de l’AFIECI, l’association que vous dirigez ?
Il s’agit de faire la promotion des femmes inventeurs et entrepreneurs qui travaillent dans l’anonymat et dans la solitude, de les encadrer et de les conseiller. Cette association est le creuset de toutes les femmes entrepreneurs et inventeurs. Nous voulons promouvoir aussi les inventions des Ivoiriennes. Je crois que cette association peut nous tirer vers le haut et vers l’émergence.
Toutes les femmes peuvent-elles adhérer à votre association ?
Oui. Qu’elles soient dans des coopératives, dans une Ong, dans une entreprise publique ou privée, qu’elles
aient une invention ou pas, l’AFIECI leur est ouverte à partir du moment où elles sont organisées en association. Pour adhérer, on peut être parrainé par un membre de l’association ou venir soi-même. Le droit d’adhésion est de 2000 FCFA.
Quels sont vos projets ?
Nous avons beaucoup de projets. Mais pour l’heure, nous voulons organiser des séminaires de formation autour des questions de l’entreprenariat, du droit de la propriété intellectuelle. Nous voulons créer et maintenir la cohésion nationale par la création d’entreprises familiales.
Avez-vous un appel à lancer ?
Je demande à toutes les femmes entrepreneurs et inventeurs et à celles qui veulent entreprendre mais qui ne savent pas comment s’y prendre, de nous approcher. L’AFIECI, c’est la porte ouverte à toutes les femmes de Côte d’Ivoire. A l’Etat de Côte d’Ivoire, nous demandons un soutien moral, matériel et financier comme c’est le cas dans les pays asiatiques afin que les femmes inventeurs puissent contribuer au rayonnement de ce pays.
Interview réalisée par Anna B.
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