Traoré Mariame (Députée à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire) : « Nous nous battons pour le leadership des femmes »
Traoré Mariame est une députée ivoirienne. Elle s’est assignée pour mission de contribuer au retour de la Côte d’Ivoire dans le concert des nations, à travers le Réseau Ivoirien des Parlementaires pour la Population et le Développement (RIPD) dont elle est la coordonnatrice. Dans cet entretien, l’unique femme député du district des Savanes aborde à cœur ouvert sa vie de femme politique sans toutefois oublier de faire une incursion dans l’univers des soins de beauté.
Comment êtes-vous entrée en politique ?
Sans prétention ni esprit de parade, je peux dire que je suis née dans la politique. Dans la mesure où mes deux géniteurs étaient reconnus pour leur militantisme. En effet, à l’époque, ma mère faisait partie de l’Association des femmes ivoiriennes. Aussi a-t-elle été membre de l’Union des femmes du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (UFPDCI) à Koumassi. Mon père, quant à lui, a été l’un des financiers du PDCI-RDA en son temps. Ceux qui me connaissent savent qu’il y a bien longtemps que je fréquente les milieux politiques. C’est fort de ces expériences que j’ai pu diriger au collège des mouvements de jeunesse à Koumassi. Notamment le Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (MEECI).
En dehors de la politique que faites-vous ?
Je gère mes propres affaires. A l’époque, lorsque j’étais encore en exil, j’ai créé en France l’ONG Aide et Démocratie en Afrique. Aujourd’hui, je suis fondatrice du groupe scolaire les Cygnes. Je dirige également une société qui intervient dans plus de 20 domaines : la construction, le génie civil, le commerce, le consulting en management, l’importation et l’exportation, l’évènementiel, la communication, etc.
En tant que défenseur du leadership féminin, êtes-vous satisfaite de la situation de la femme ivoirienne?
Nous luttons contre vents et marées pour l’amélioration des conditions de vie de la femme en Côte d’Ivoire. Car nonobstant les actions menées par les associations de défense des droits des femmes, leur situation est encore alarmante. J’ai participé à plusieurs séminaires en Tunisie et en Turquie. Histoire d’interpeler nos gouvernants sur la situation des femmes en Afrique. En Côte d’Ivoire, des femmes ont donné leur vie pour le triomphe de la démocratie. C’est au prix de leur sang que notre pays est sorti de ces moments blafards de la crise postélectorale qui a fait de nombreuses victimes. Par conséquent, les décideurs entendent accorder à la femme toute la place qu’elle mérite. Vous avez entendu parler du quota de 30%. Nous allons nous battre pour que cela soit une réalité afin que la femme soit de plus en plus présente dans les sphères de prise des décisions. Et qu’elle puisse apporter la paix parce que la femme, c’est la paix.
Quel est votre avis sur la reconstruction de la Côte d’Ivoire ?
Depuis plusieurs années, je m’évertue à rappeler à l’opinion nationale et internationale qu’Alassane Ouattara est celui-là qui peut redonner à notre pays son dynamisme et son lustre d’antan. En l’espace de deux ans, il a mis la Côte d’Ivoire sur la pente du désendettement financier et de la croissance économique. Comme les Ivoiriens aiment à le dire, il prépare la Côte d’Ivoire à être un pays émergent à l’horizon 2020. Nous devons tous nous battre à ses côtés pour qu’il atteigne cet objectif. Aujourd’hui, le constat est là qui crève les yeux : Alassane Ouattara demeure une pierre précieuse pour la Côte d’Ivoire. Par ailleurs, il faut que les Ivoiriens croient en l’avenir parce que les perspectives sont bonnes. Quant à nous les femmes, les Ivoiriens peuvent compter sur nous parce que comme le dit ce dicton populaire : « Ce que femme veut Dieu veut ». La reconstruction est vraiment en marche avec Alassane Ouattara.
Pour vous qui siégez à l’Assemblée nationale, que faut-il faire pour parvenir à la réconciliation des Ivoiriens ?
La réconciliation est aussi gage de développement. Les grandes nations dites développées ont amorcé leur marche glorieuse vers le progrès parce qu’elles ont su taire leurs rancœurs et reconnaître la spécificité de chaque composante de leur société. C’est ce à quoi nous devons parvenir. A y voir de près, et cela ne fait l’ombre d’aucun doute : les Ivoiriens sont réconciliés avec eux-mêmes. Aujourd’hui, aucun Ivoirien n’a envie de revivre les heures difficiles que nous avons connues. Tout le monde parle de paix. Le problème pour moi réside dans le fait que le président a confié la réconciliation à des hommes politiques. C’est ce qui crée le blocage. Pour conduire la réconciliation, il aurait été plus simple de confier ce processus à des hommes neutres. Qui n’ont aucune coloration ni ambition politique. Je crois qu’avec le développement qui est en marche, ce que vous considérez comme la réconciliation va s’accélérer car lorsque la pauvreté recule avec l’insertion socioprofessionnelle des jeunes et des femmes, et que chaque famille a de quoi se nourrir, se vêtir et s’abriter, chaque Ivoirien sourira à son voisin. Je pense que la réconciliation, la lutte contre la pauvreté et le développement vont ensemble.
Que peuvent apporter les femmes à ce processus ?
Il faut d’abord compter avec les 30% de femmes promis par le chef de l’Etat. Il convient à chacun de nous de créer les conditions objectives de la consolidation et de la pérennisation de cette réconciliation si chère au chef de l’Etat. Et ce que nous nous sommes fixé comme objectif majeur. Le président l’a promis, il le fera. Ses collaborateurs, les ministres, les partis politiques et tous les acteurs de la société civile doivent contribuer d’une manière ou d’une autre à la réalisation de cet idéal.
A l’Assemblée nationale, que faîtes-vous pour qu’on atteigne ce taux de 30% de femmes à tous les niveaux de la vie socioprofessionnelle?
A l’Assemblée nationale, nous nous battons. Comme vous pouvez le constater, au parlement il y a des femmes présidentes de commission et vice-présidentes. Le président Guillaume Soro nous fait confiance, il nous envoie en mission. D’ailleurs, il est fier de nous. Personnellement, lorsque je prends la parole à l’Assemblé nationale, je le fais avec conviction parce que je parle au nom de toutes les femmes.
Que faut-il à une femme pour être belle ?
La beauté d’une femme, c’est d’abord le caractère, le cœur, le comportement. C’est très important de bien s’habiller parce que même si l’habit ne fait pas le moine, mais par l’habillement on peut aussi reconnaître le moine. La femme étant le miroir de sa famille et de la société, elle doit s’habiller de manière décente.
Il y a quelque temps, les services du ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant ont effectué des descentes dans des bars. Des serveuses qui dansaient toutes nues ont été arrêtées…
C’est ce qu’on ne veut plus voir. Ce phénomène a commencé à la rue Princesse. Ces dix dernières années, cette rue était un véritable nid de prostitution à grande échelle. Après la destruction des maquis et bars de la rue, ces filles se sont déplacées vers d’autres bars. Il faut les sortir de là. Je soutiens la ministre pour ces mesures. Nous souhaitons qu’elle vienne à Assemblée nationale pour solliciter l’appui des députées. Nous allons l’épauler dans cette tâche et relayer ses actions. Car ce que font ces jeunes filles est une atteinte à la pudeur et à l’honorabilité de la femme.
N’ayant aucun soutien, certaines femmes sont obligées de vendre leurs charmes pour nourrir leur famille…
Des moyens existent pour permettre à ces femmes et jeunes filles d’entreprendre une activité génératrice de revenus. La Première Dame a institué un fonds pour aider les femmes. Il faut qu’elles arrêtent de se déshonorer. La prostitution n’est pas la voie idéale pour se décaper des pesanteurs socioculturelles. Au contraire, elle est une voie de vulnérabilité des jeunes filles.
Que trouve-t-on dans la garde-robe de l’honorable Mariam Traoré ?
Je m’habille en boubou, en pagne. J’aime tout ce qui est beau. Quand je suis en Europe, je porte des vêtements ivoiriens parce que nous sommes des ambassadeurs. Je m’habille aussi en fonction du climat.
Quel est le geste qui ne vous échappe jamais avant de sortir de chez vous le matin?
Je ne manque jamais de boire un grand verre d’eau. Cela maintient ma beauté et ma fraîcheur.
Madame la députée a-t-elle le temps de se maquiller ?
Je me maquille juste pour mettre en valeur la beauté que Dieu m’a donnée et non pour me dénaturer.
Quels sont vos projets ?
Je suis la secrétaire nationale du MONASCAU-RHDP chargée de la société civile, des ONG, des associations et des mouvements de soutien. Notre ambition est de permettre la réélection du président Alassane Ouattara en 2015. Et d’ici quelque temps, je vais appeler toutes les femmes à se mobiliser massivement pour que nous atteignions ensemble cet objectif. Je demande aux femmes de Côte d’Ivoire de se tenir prêtes pour les combats à venir. Car, c’est ensemble, dans la paix et la cohésion que nous construirons notre pays.
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