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Djénéba Dosso (Présidente du réseau Rondement Belle): « Finie l’époque où la femme ronde était lésée »

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Ingénieur en marketing et communication, Djénéba Dosso s’est spécialisée dans l’évènementiel. En 2009, elle crée une plate-forme dénommée Rondement belle pour amener les  femmes en chair à décomplexer. Que recherche-t-elle à travers ce concept? Quel regard la patronne du Réseau Rondement belle porte-t-elle sur la beauté africaine? Elle aborde ces questions dans cette interview.   

Pourquoi vous intéressez-vous à la femme forte ?

Quand j’étais plus jeune, j’avais du mal à m’affirmer à cause de ma forme. Je ne pouvais pas m’habiller comme je voulais tant j’étais complexée. A la maison, on n’arrêtait pas de se moquer de moi pour ma forme. Des cousines et tantes, en voulant coûte que coûte maigrir pour ressembler aux canons de beauté européens, ingurgitaient des thés et des substances qui leur créaient des problèmes de santé. Devenue grande, je me suis dit pourquoi ne pas créer un réseau de femmes fortes, dynamiques qui leur permettrait de s’affirmer et de ne plus se sentir complexée. Voilà l’idée.

Parlez-nous de ce réseau Rondement belle

Le réseau Rondement belle est une association de femmes en général et de femmes rondes en particulier. Cette association a 3 volets. Nous avons le volet sport et bien être. Car, ce n’est pas parce qu’on est forte qu’on doit se laisser aller à l’obésité. On peut être forte et être en bonne santé en faisant du sport. Nous avons aussi un volet entreprenariat et leadership. Nous apprenons aux femmes à être meilleures quel que soit leur domaine d’activité. Il y a enfin un volet social à travers lequel nous organisons de nombreuses activités tout au long de l’année. Des activités qui ont pour point culminant le salon international Rondement Belle. Au cours de ce salon, nous avons des expositions, des ateliers et le concours Miss Rondement belle. Depuis l’an dernier, nous avons un défilé Rondement belle qui nous permet d’élire une miss qui est l’ambassadrice de nos actions sociales. L’idée a germé en 2007. Mais, nous avons commencé nos activités le 9 mars 2009. Aujourd’hui, nous revendiquons 850 adhérentes en Côte d’Ivoire. En dehors du pays, nous sommes représentées au Burkina, au Mali, au Cameroun, Sénégal et en Mauritanie. Je remercie Dieu pour l’engouement suscité. Nous avons des partenaires, mais nous fonctionnons sans sponsor véritable.  Alors que les actions que nous menons intéressent une part importante de la population.

Quelle est la différence entre votre concept et miss Awoulaba ?

Awoulaba, en principe, c’est la femme africaine qui a enfanté et qui a maintenu une belle forme, une forte poitrine, de gros pieds, le coup strié. C’est tout.  Notre association fait la promotion de la femme forte certes,  mais en plus, il y a les questions de leadership, d’entreprenariat qui sont aussi importantes dans notre action. D’ailleurs, le concours de beauté ne représente que 10% de nos activités.

 Beaucoup de femmes suivent des régimes drastiques pour maigrir quand  d’autres veulent avoir des rondeurs. Cela ne donne-t-il pas le sentiment  que la femme traverse une crise de personnalité ?

Chaque femme a sa façon de voir les choses et ses ambitions. Il y a des femmes qui sont influençables, ce n’est pas mon cas. Comme les doigts de la main, nous sommes toutes différentes. Il y en a qui sont grandes, d’autres moins grandes, certaines sont minces et d’autres sont fortes. C’est ensemble que nous formons la gent féminine. Pour moi, chaque personne doit apprendre à s’assumer telle qu’elle est. Il y a aussi le problème de la dépigmentation. Dans mon association, je sensibilise sur cette pratique car elle est à la base de beaucoup de problèmes de santé comme le cancer, l’insuffisance rénale. Toutes les femmes sont belles. Je les invite à s’accepter parce que c’est le regard que l’on porte sur soi-même que dépend celui des autres.

Que pensez-vous de ces nombreux  produits et procédés destinés à grossir certaines parties du corps telles que  la poitrine et les fesses ?

Personnellement ça ne m’intéresse pas, mais comme l’homme est un éternel insatisfait, je ne blâme pas ceux ou celles qui utilisent ces produits mais je ne les encourage pas.

Ne pensez-vous pas qu’en faisant la promotion des femmes fortes, vous risquez d’influencer certaines femmes ?

Nous n’influençons personne. Lorsque vous regardez la télé ou que vous achetez un magazine de mode, il n’y a que la femme fine dont on fait la promotion. On a besoin des femmes fortes que lorsqu’il s’agit de maquillage parce qu’en général, elles ont un beau visage. C’est le temps des femmes rondes. Leur marginalisation doit prendre fin. Notre action consiste donc à sortir ces femmes fortes du complexe où elles ont été injustement et pendant longtemps confinées. Nous voulons dire qu’être forte ne signifie pas qu’on est malade. Il faut savoir s’alimenter et faire du sport.

Doit-on comprendre qu’il y a une concurrence voire une guéguerre entre femmes fines et femmes fortes ? 

Non. Nous voulons simplement corriger une situation dans laquelle les femmes fortes physiquement étaient lésées. En vérité, toutes les femmes sont belles. Il n’y a aucune concurrence. Au-delà de promouvoir ces femmes, nous voulons qu’elles aient confiance en elles, qu’elles s’affirment, qu’elles se prennent en charge.

En tant que  présidente d’une association qui fait la promotion de la femme forte,  si l’une de vos membres a un souci parce que son mari exige qu’elle fasse un régime pour maigrir, que lui diriez-vous ?

D’abord, il faut l’amener à s’accepter elle-même pour qu’elle puisse discuter avec son mari. Même si elle ne peut pas redevenir fine, on lui conseillera de faire du sport et de surveiller son alimentation afin de perdre des kilos. En fait, je n’ai jamais été confrontée à une telle situation. Car, les hommes aiment leurs femmes telles qu’elles sont. D’ailleurs, je vous apprends qu’après la dernière édition de Rondement belle, trois femmes ont été mariées légalement parce que leurs hommes les ont découvertes sous un autre jour après le concours. Nous faisons un relooking qui ne les laisse pas indifférents.

En novembre prochain se tiendra la troisième édition de Rondement Belle. Si vous deviez faire un petit bilan des deux éditions précédentes que diriez-vous?

Côté organisationnel, je suis satisfaite à 60%. Nous avons pu faire le lancement dans un grand hôtel de la place. Les deux éditions ont eu lieu à la Caistab. Tout s’est bien passé malgré quelques difficultés d’ordre financier. Et pour cette 3ème édition, notre innovation majeure, c’est la désignation de notre ambassadrice pour nos actions sociales.

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