Le peuple Sénoufo vit essentiellement au Nord de la Côte d’Ivoire. Korhogo, Ferké, Sinématiali constituent ses principales localités. Subdivisés en plusieurs sous-groupes, le Sénoufo est caractérisé par le Poro, une institution initiatique complexe qui régit toute ses activités sociales, religieuses et politiques. Dans le domaine du mariage traditionnel, (02) deux situations peuvent se présenter. Soit les parents choisissent la femme de leur fils, soit le jeune homme fait son choix.
Le choix des parents. Plusieurs raisons peuvent motiver un parent à choisir une femme pour son fils. Ce peut être en guise de reconnaissance, ou tout simplement dans le souci de consolider les liens entre deux familles. La plupart du temps, ce choix se fait lorsque la fille est encore en bas âge. Il peut même arrivé qu’elle ait été choisie avant sa naissance. Toutefois, des critères sont pris en compte dans le choix de la fille en question. Par exemple, l’on s’assure que la fille en question est respectueuse des coutumes, de bonne moralité et courageuse. Et a un creux dans le plat du pied car son absence est source de malheurs.
Le choix du prétendant.
Dans l’ancien temps, il était également permis à un jeune homme de choisir sa compagne. Dans ce cas, il avait recours à son oncle maternel, car la société senoufo est de type matrilinéaire. Que les parents décident de donner une femme en mariage à leur enfant ou que ce dernier ait opéré son propre choix, le processus du mariage se déroule en deux étapes.
Les fiançailles
Lorsque la jeune fille est repérée, soit un ami de la famille du futur mari, soit l’un de ses parents commence les démarches auprès des parents de la jeune fille. Ces derniers se concertent avant de donner leur accord. Le projet de mariage étant connu, le prétendant doit réunir les jeunes gens de son village pour aller cultiver, une fois par an, le champ de l’oncle de la fille convoitée. Cela peut durer des années. Jusqu’à ce que l’on estime que la fille a atteint l’âge de se marier (entre 15 et 20 ans). Pendant la période de fiançailles, les mêmes travaux champêtres se font chez deux ou trois membres de la famille de la jeune fille. En outre, le prétendant ne doit pas voir sa fiancée lorsqu’il rend visite à son futur beau-père au cours d’évènements importants tels les funérailles. Il s’agit de faire en sorte qu’il n’y ait pas de contact entre les futurs mariés avant leur mariage. Cela veut dire que pendant le temps des fiançailles, ils ne sortent pas ensemble.
Le mariage proprement dit
Lorsqu’arrive l’année du mariage, les parents de l’homme (l’oncle maternel en particulier) demandent officiellement la main de la fille. A ce stade, le fiancé est dans l’obligation d’apporter un fagot de bois à l’oncle de la jeune fille. En plus de ce fagot, la famille fournit plusieurs autres éléments qu’on pourrait considérer comme la dot. Ce sont : des poules dont le nombre varie suivant la situation sociale du jeune homme ou de ses parents, des tissus traditionnels qu’on offre à l’oncle et à la mère.
Le mariage est ainsi scellé. Il n’y a pas de cérémonie particulière. Toutefois, les mariés n’habitent pas ensemble. La femme reste dans sa famille, quitte à l’homme de la joindre tous les soirs. Mais, aujourd’hui, force est de constater que cette façon de faire se modernise. De plus en plus, le processus est accéléré. Après avoir donné le fagot de bois à l’oncle de la fille, l’homme convertit l’aide et les animaux à apporter en valeur numéraire (définit par les beaux-parents, mais il se situe généralement entre 10.000 et 20 000 Fcfa). Le reste des dons se fait en nature (au minimum 02 complets de pagne ; des vivres comme indiqués plus haut). Cela fait, le fiancé peut vivre avec sa femme.