Massandié Bamba épse Banny : « La femme est belle lorsqu’elle se sent bien dans sa peau »
Derrière un grand homme, se cache une grande femme a-t-on coutume de dire. L’histoire de Massandié Bamba épse Banny peut certainement être considérée comme une parfaite illustration de ce vieux dicton. Elle qui depuis de longues années a mis sa profession de chirurgien dentiste en veilleuse pour accompagner son époux dans ses différentes missions de banquier et d’homme politique. Dans cette interview qu’elle a bien voulue accorder à votre magazine préférée, Mme Banny sort de sa réserve pour aborder sa vie d’épouse et de mère.
Bonjour Mme Banny, en vous cohabite deux personnages. L’épouse de l’homme politique et le chirurgien dentiste. Lequel de ces deux personnages préférez-vous ?
Devrais-je faire un choix ? Je ne le crois pas. Car, c’est Dieu qui a voulu que je rencontre Mr Banny un jour lors d’un voyage, et c’est Dieu qui a permis également que je me mette au service de mon prochain par ma formation de chirurgien dentiste.
Comment s’est passée cette rencontre ?
(Rires) Au cours des années 1982-1983, le gouverneur Fadiga a eu l’amabilité de me convier à l’inauguration de l’agence BCEAO de Korogho. Pendant mon voyage j’ai fait la connaissance d’un charmant Monsieur avec qui je me suis liée d’amitié. De retour à Abidjan, nous nous sommes revus plusieurs fois … la suite vous la connaissez (rires).
Il ya plus de 30 ans que vous êtes avec votre époux. Comment avez-vous géré votre couple jusqu’à aujourd’hui ?
Je dois dire que ce n’était pas facile au départ puisqu’il était à Dakar et moi à Abidjan. Je travaillais à l’institut d’odontostomatologie au Chu de Cocody. Mais en 1994, nous avons décidés que je le rejoigne avec les enfants à Dakar. Je faisais donc la navette entre Abidjan et Dakar puisqu’à cette époque j’avais déjà ouvert mon cabinet à Abidjan.
Combien d’enfants sont nés de votre union ?
Nous avons trois (3) enfants dont deux garçons et une fille.
Parlez-nous de votre vie de famille.
Dans la vie d’une famille, lorsque Monsieur est beaucoup occupé, il revient à Madame de s’occuper des enfants et de leur éducation. C’est ce que j’ai fait et que je continue de faire.
Est-ce qu’il est difficile d’être l’épouse d’un homme politique ?
Non, Je ne le pense pas, bien au contraire ! Cela permet d’apprendre comment être plus utile à son prochain. Par exemple, je trouve la fonction de député honorable car elle permet d’être à l’écoute des préoccupations de nos concitoyens. C’est une fonction qui me laisse admirative.
Quel est votre rôle aux côtés de votre époux ?
Mon époux a à coeur de réconcilier la Côte d’Ivoire avec elle même. Pour lui la paix est le bien suprême, c’est la condition d’un développement durable. Mon rôle d’épouse et de mère est de l’accompagner et de le soutenir dans cette mission.
Décrivez-nous en quelques mots M. Banny.
Il est très exigent avec lui même et avec les autres. Pour lui la rigueur est la base de la réussite dans tout ce qu’on entreprend. Ce que j’admire par dessus tout chez lui c’est sa générosité, son honnêteté, et son désir de se mettre au service du plus grand nombre. Ses amis par exemple savent qu’ils peuvent compter sur lui, ce qui est rare de nos jours.
Beaucoup considèrent que les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans les instances de décision. Que faut-il pour inverser la tendance ?
Il faut que les femmes osent ! Je pense que les femmes ont les mêmes capacités intellectuelles que les hommes. Nous avons aujourd’hui des femmes qui occupent de hautes responsabilités en Côte d’Ivoire et à travers le monde, ce qui nous fait honneur. Il faut également (et je m’adresse ici au hommes) qu’elles soient soutenues et encouragées.
Si vous deviez donner des conseils aux femmes qui ont envie de faire de la politique, mais qui ont peur, que diriez vous ?
Nous sommes tous d’accord que la femme a une place importante dans le développement d’un pays. En cela, elle n’est pas différente de l’homme. Il faut tout simplement que les femmes croient en elles parce qu’elles ont des devancières qui ont réussies là où personne ne les attendaient. Je voudrais vraiment saluer ici les femmes qui en plus des travaux domestiques et champêtres se battent pour être présentes à tous les niveaux de la vie économiques de leurs pays.
Etant l’épouse d’un homme au devant de la scène politique, n’avez-vous pas souvent peur ?
Toutes les femmes ont eu peur à un moment donné au regard de ce que la Côte d’Ivoire a connu. Nous avons toutes eu peur pour nos vies. Nous avons eu peur que le pays ne sombre. Nous regrettons ce qui se passe en ce moment en Centrafrique. Dieu merci, nous ne sommes pas allés jusque là. Mais je dois dire que moi aussi, j’ai eu peur pour la vie de mon époux, de mes enfants et pour celle de tout ceux qui vivent en Côte d’Ivoire.
Mme Banny est très discrète. Est-ce un choix ?
Oui. C’est un choix. Des parents enseignants m’ont appris le travail rien que le travail. De ma mère catholique, et de mon père musulman j’ai reçu une éducation basée sur les valeurs du respect de l’autre, de la tolérance, de l’amour du prochain et de la discrétion.
Vous avez été l’épouse d’un gouverneur de banque central, épouse de Premier ministre, aujourd’hui l’épouse du président d’une institution chargée de réconcilier, lequel de ces trois postes vous a le plus marqué ?
A part le poste de gouverneur tous ces postes que vous venez cités sont intervenus dans des moments de crise. Et M. Banny s’est donné corps et âme dans toutes les missions qui lui ont été confiées. Je ne peux pas parler de préférence parmi ces différents postes, mais j’aurais aimé simplement que notre pays ne connaisse pas ces crises.
Que pensez-vous que les femmes peuvent apporter à la réconciliation nationale ?
Lorsque mon époux a été nommé président de la commission dialogue vérité et réconciliation, son premier message a été adressé aux femmes. Il leur a dit que si elles l’accompagnaient il était sûr de réussir. Elles ont entendu son appel et si vous suivez bien l’actualité, ce sont les femmes qui font la sensibilisation pour que le processus aboutisse. Par ailleurs, c’est la femme qui porte l’enfant, elle est bien placée pour donner des conseils à son fils et à son mari pour que ceux-ci n’aillent pas à la guerre. La femme qui donne la vie ne peut que la protéger. C’est elle qui souffre pour donner la vie, c’est sont rôle d’en faire la promotion.
Comment Mme Banny maintient-elle sa fraîcheur et sa beauté ?
Je commence ma journée par une heure de sport. A cela il faut ajouter que je ne suis pas adepte des produits qui agressent la peau. Je préfère les produits naturels surtout, que l’Afrique en regorge. Pour mon visage j’utilise un sérum anti soif pour éviter le dessèchement. Je mets ensuite une crème hydratante et je finis par une poudre libre.
Vous préférez être naturelle, mais d’autres femmes n’hésitent pas à changer de couleur de peau avec des produits parce qu’elles veulent plaire à tel ou un tel autre. Qu’en pensez-vous?
J’ai passée près de 16 ans à Dakar où cette pratique est très répandue. Aujourd’hui je suis à Abidjan et je suis toujours aussi choquée et affligée de voir que beaucoup de jeunes filles se dépigmentent. Surtout qu’on connaît tous les dangers qui y sont attachés. Je condamne les hommes qui de façon insidieuse conduisent les femmes à cette pratique. En Afrique, certains disent que la femme de teint claire porte chance ; Je ne sais pas si c’est vrai mais c’est ce qui oblige certaines femmes à se dépigmenter pour plaire aux hommes quitte à avoir un cancer de la peau plus tard. C’est dommage.
Il y en a d’autres qui se transforment une partie du corps…
En tant que chirurgien dentiste, je dirai qu’il faut dissocier la chirurgie réparatrice de la chirurgie esthétique. Si la première est un acte médical utile, nécessaire et salutaire, la seconde, que je ne condamne pas est un acte de coquetterie. Celles qui y ont recours veulent se sentir bien dans leur peau. D’ailleurs, on ne se sent belle que lorsqu’on se sent bien dans son corps. Cependant, il faut savoir que la chirurgie esthétique coûte cher. Malheureusement, certaines femmes qui n’ont pas de grands moyens mènent une vie dépravée juste pour s’offrir une opération. Pour celles qui en ont les moyens tant mieux. Pour les autres c’est déplorable.
Finalement quelle définition donnez-vous à la beauté ?
A mon avis je pense que la notion de beauté est relative. La beauté, c’est être en harmonie avec soi. J’insiste pour dire que la beauté n’est pas que physique elle est aussi intérieure et elle se reflète par la joie de vivre.
Côté coiffure, qu’est ce que vous aimez ?
Je ne sais pas si je peux parlez de préférence, mais je me coiffe en fonction des occasions. Je fais des extensions, des chignons et aussi des tresses.
A quelle occasion vous tressez-vous ?
En général, c’est lorsque je voyage hors du pays. Beaucoup de femmes noires à l’extérieur m’apprécient pour mes tresses.
Et au plan vestimentaire ?
Là aussi, c’est en fonction des circonstances. Je porte du pagne, et je m’habille aussi à l’européenne lorsque l’occasion s’y prête. Je n’ai pas de préférence. Je pense que le pagne me va bien. Je suis heureuse et fière d’en faire la promotion. Récemment lors d’un mariage à Paris j’ai été agréablement flattée et surprise des félicitations récoltées pour ma tenue en pagne.
Mme Banny a-t-elle le temps de faire la cuisine ?
Je ne fais pas aussi souvent la cuisine que je le voudrais. J’aime cuisiner les plats africains. A l’occasion, je vous inviterai à déguster mon ‘gouagouassou’ (sauce à base de mélange d’aubergines amères et de gombos), vous m’en direz des nouvelles.
Qu’est ce que votre mari aime manger?
Mon mari est un Baoulé de Yamoussoukro. Il adore l’igname sous toutes ses formes. Il m’arrive d’en cacher pour ne pas qu’il en mange trop, (rires). Par ailleurs en fin connaisseur il apprécie la bonne cuisine africaine, française et vietnamienne.
Qu’est ce que vous aimez manger vous-même ?
Je mange beaucoup de légumes. J’aime surtout le cabato même si je n’en mange pas beaucoup.
Au mois de Mai dernier, le gouvernement a rendu public un communiqué dans lequel, il annonçait la décision d’admettre à partir de l’année scolaire 2015-2016, les jeunes filles à l’école de gendarmerie. Votre sentiment.
C’est une joie. Il y a des femmes policiers, c’est tout à fait normal qu’il y ait des femmes gendarmes. D’ailleurs, il y a des femmes qui ont rêvé d’embrasser cette carrière, ce n’est que justice. Je suis persuadée qu’elles nous ferons honneurs.
Au terme de cette interview, donnez une astuce de beauté et de cuisine.
Pour garder le visage toujours ferme, il faut faire de la gymnastique faciale qui raffermit les muscles. Pour avoir de belles lèvres il faut les hydrater matin et soir avec un baume à lèvre au miel. Avec du beurre de Karité et du gros sel qui sont vendus sur nos marchés on peut faire un gommage qui donnera de l’éclat et de la douceur à la peau. Je masse quotidiennement mon cuir chevelu avec du beurre de karité mélangé à l’huile de Neem. En matière de cuisine, pour garder la belle couleur verte des haricots, plongez-les dans de l’eau très glacée immédiatement après leur cuisson. Pour finir, j’encourage le Magazine Koundan qui est un journal de référence pour la gente féminine. A toutes les femmes de Côte d’Ivoire je lance un message de paix. Travaillons pour la paix afin de léguer à nos enfants et petits enfants un pays où il fait bon vivre.
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