Une histoire d’amour qui tourne au drame…
J’ai rencontré Michel à 19 ans. Au début tout était tout rose. Nous nous sommes mariés dix ans plus tard, j’avais 29 ans. J’ai eu ma première fille un an après. Et là, le début de la fin a commencé : à la naissance du premier enfant. J’étais très épanouie pendant ma grossesse et il l’a très mal vécu. J’ai commencé à ressentir cette fameuse jalousie. Je suis pleine de vie, j’aime la vie, je suis plutôt optimiste, contente de peu de chose, des petits bonheurs de la vie. Quand j’ai été enceinte, j’étais comblée. Je ne sais pas ce qui s’est passé, une cassure profonde s’est opérée. J’ai commencé à subir des insultes au quotidien, c’était difficile à vivre. Autour des un an de ma fille, j’ai eu droit à mon premier coup. Il a perdu ses moyens, il m’a propulsé contre le radiateur, il a tout rasé sur son passage, il a cassé le téléphone. J’ai pris ma fille et suis allée dormir à l’hôtel. Le lendemain sur le chemin du retour, j’ai eu un accident ; nous avons fait un tonneau, nous nous sommes retrouvées à l’hôpital. J’ai donc appelé mon mari. Il se sentait responsable de ma mauvaise nuit. Il s’est confondu en excuses et en « je t’aime », et ne comprenait pas ce qui lui était arrivé. Trois semaines formidables s’en sont suivies, puis la routine a repris le dessus, et les insultes aussi. Mais j’avais une enfant et j’étais prête à sacrifier ma vie de femme pour que mon enfant vive dans un foyer avec son papa et sa maman. Pour moi, c’était l’idéal. Mais dès le début de ma seconde grossesse, mon existence est devenue épouvantable. Il m’a flanquée sur un matelas par terre, parce qu’une femme enceinte gigote, bouge, se lève la nuit, prend de la place, me jetant des « pousse-toi de là, boulet ! ». À partir de ce moment, nous n’avons plus dormi ensemble. Quand ma seconde fille est née, c’était épouvantable : humiliation et harcèlement moral étaient permanents. Un jour, il m’a lacéré de coups de poing sur le bras, alors que je tenais ma dernière fille encore bébé qui ne savait pas marcher, et elle a failli tomber. Comme il était super violent, j’ai voulu en avertir mes parents et ma sœur, et leur ai téléphoné. Mais il n’y avait personne au bout du fil, et là je l’ai entendu dire à mon aînée : « Maman est allée téléphoner aux gendarmes pour mettre papa en prison. ». J’ai commencé à me rendre compte que mes filles n’étaient plus du tout préservées, qu’il tentait de les manipuler contre moi. Quand j’ai vu l’effet que cela avait sur ma fille aînée qui me retenait le soir dans sa chambre en me disant : « N’y va pas maman, il va te taper », cela m’a donné la première impulsion pour m’en sortir.
Fuir au plus vite…
J’ai vu un avocat qui m’a précisé que, sous le coup de l’urgence, je pouvais partir après avoir déposé une plainte et que je pouvais quitter le domicile conjugal. J’ai trouvé un logement. Je suis partie avec elles en pleurant, je ne voulais pas faire cela. J’ai eu beaucoup de mal à vivre, j’ai vécu dans la culpabilité, car j’imposais à mes enfants une vie dont je n’avais pas rêvée pour elles. C’était fini. Je me suis mise à aimer de nouveau mon mari comme jamais. J’aimais celui qu’il avait été autrefois. Je revoyais notre complicité, notre communion d’âme. J’avais l’impression que c’était mon homologue masculin, nous nous entendions très bien. Quand je l’ai rencontré, j’étais fascinée par sa candeur, sa naïveté. On avait tout découvert ensemble. Il était entier, perfectionniste, il allait au fond des choses. D’un autre côté, j’ai commencé à m’apercevoir qu’il y avait des signes avant-coureurs de sa folie. Par exemple, après des disputes sans gravité avant notre mariage, il m’avait laissée plantée là. Il ne s’entendait pas avec ses parents, il les dénigrait.
Le manipulateur obtient la garde des enfants
Mal conseillée, je croyais divorcer pour cause de violence. J’ai pris un avocat. Mon mari s’était empressé de demander le divorce pour abandon de domicile. Nous nous étions arrangés à l’amiable. Les filles voyaient leur père tous les quinze jours. Le 31 juillet, jour où leur père devait les récupérer, une scène très violente a éclaté entre nous deux. Il a dérobé des affaires en double dans le coffre de ma voiture et m’a fait un grand bras d’honneur en partant. Le 31 août suivant, j’ai attendu mes filles. J’ai essayé de téléph. J’ai appris qu’il avait inscrit la grande à l’école où nous habitions avant et où il continuait d’habiter. Et j’ai compris qu’il avait intenté ce coup de force terrible, car la justice n’avait pas encore tranché. La petite était gardée par les grands-parents. J’ai réfléchi, et j’ai jugé que je ne prendrais pas la grande sans la petite. J’ai choisi de faire confiance à la justice et de ne pas cautionner ce coup de force. On a divorcé, et la décision a été de laisser les deux petites filles à leur papa, sous prétexte de ne pas les changer en cours d’année de cadre de vie. À l’époque, je ne pensais pas survivre à cela. J’ai fait appel de la décision. Je vois mes filles le week-end tous les quinze jours. Désormais, elles vivent avec le pervers. Grâce ou à cause de cette histoire tragique, je me suis retrouvée, je n’existais pas, je me négligeais, je n’existais que pour mon mari, mes enfants, que pour les autres. Je n’avais pas de plaisir avec mon mari. J’ai compris aujourd’hui que mon salut était dans le fait de m’écouter moi et de me faire plaisir. Avant, je ne pouvais pas me dire que sans mes enfants, je passais un bon moment, je me l’interdisais. Soit je me noie, soit j’essaie de m’en sortir. J’ai choisi la seconde solution. »
Inès K.
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