“Mes cheveux et moi, c’est une longue histoire d’amour. Mais comme toute histoire d’amour, avec des hauts et des bas, annonce d’emblée Cindy Bruna, qui nous raconte ici son expérience personnelle avec ses boucles…
Envie de ressembler aux autres
« Aujourd’hui, avec le recul, je sais que l’amour que je porte à mes cheveux est né de cette volonté d’apprendre à les connaître et à les respecter. On ne dompte pas une chevelure, on l’affranchit. Tout a commencé avec ma mère congolaise et sa passion pour les tresses. J’en avais de toutes sortes, en version rasta, grosses nattes, tresses collées, vanilles, avec perles ou sans perles, elle savait tout faire… Tout faire, sauf tresser sans faire mal évidemment. Donc, à l’âge de 10 ans, je décide de prendre soin de mes cheveux toute seule, “comme une grande”. En réalité, j’ai juste envie, à ce moment-là, de ressembler à mes copines de classe. La queue de cheval et le chignon haut deviennent mes incontournables. Mais plus je grandis, plus je complexe, et évidemment mes cheveux ne sont pas épargnés. Je regarde les magazines, les pubs à la télé et je ne me sens absolument pas représentée. Un cercle vicieux, puisque plus j’essaie de m’identifier à des femmes qui ne me ressemblent pas, et moins j’aime mes cheveux”.
Le règne du lisse
“À 15 ans, je commence à les lisser de temps en temps avant d’aller à l’école. Ça me prend une heure et demie, je me bagarre avec eux tous les matins, mais tout le monde adore. Et puis à 17 ans, j’arrive à Paris pour travailler. Là, on commence par me demander de les couper. Il faut dire qu’ils en ont besoin. Ils m’arrivent au nombril, avec les pointes décolorées par le soleil et n’ont jamais connu d’autres ciseaux que ceux de ma mère. Je ressors du salon en larmes : les 5 centimètres demandés avoisinent plutôt les 10. Aujourd’hui, j’en rigole. Mais sur le moment, je leur fais tellement de peine qu’ils m’offrent la coupe et le brushing. Après ça, j’enchaîne les fashion week et les shootings. Tout est nouveau pour moi, j’adore ça, mais mes cheveux moins. Partout, la tendance est au lisse, mes cheveux doivent être domptés. Mes premières années professionnelles sont donc rythmées par les sèche-cheveux et les lisseurs. J’arrive même parfois les cheveux déjà lisses pour faciliter le travail des coiffeurs. Mais plus je les lisse, plus je les abîme. Je les lisse donc à nouveau pour qu’ils paraissent plus beaux. Un jour, je constate les dommages : plus de volume, des longueurs cassées et qui ne bouclent même plus au naturel.”
Révolution en boucles
“J’enchaîne alors les salons à New York à la recherche du meilleur soin et tombe sur le « 5 Step Treatment » à la suite Reyad, qui deviendra d’ailleurs mon protocole fétiche. Je découvre aussi le soin Tokyo chez David Mallet à Paris, qui s’en approche. Dans ce brouhaha de fashion week et de shootings à répétition, je retrouve enfin la qualité de mes cheveux. Je commence même à les porter au naturel quand je ne travaille pas. Petit à petit, je réapprends à les aimer et coup de bol, la mode aussi ! Enfin les boucles se démocratisent. Jacquemus a d’ailleurs été l’un des tout premiers à me faire défiler avec les cheveux bouclés. Mais avec le temps et l’expérience, je me rends compte que personne ne peut connaître mes cheveux mieux que moi. Tous les coiffeurs ne savent pas gérer ma texture. La semaine dernière encore, à Milan, une coiffeuse me les a lissés en ajoutant une crème de finition. Erreur, car dans toute crème, il y a de l’eau qui fait… friser les cheveux. Moi, perso, je n’utilise que des pâtes, ou alors des gels que je sèche immédiatement au sèche-cheveux pour que l’eau s’évapore. Dans le même esprit, le cheveu bouclé marque aussi hyper facilement. Sur un shooting, il faut donc penser à faire les photos cheveux attachés plutôt à la fin de la séance. Et s’ils veulent une coiffure bouclée mais pas trop, il faut d’abord raidir les racines sur 5 ou 10 cm, pour aplatir et diminuer le volume de l’ensemble.”
Expérience de Confinement
“Arrive alors le confinement, que je passe chez ma sœur, à Auxerre, avec ma famille. Un vrai bonheur. Comme j’ai du temps, je réalise combien prendre soin de soi est excellent pour le moral. Après une première semaine en pyjama, comme tout le monde, à me lever à n’importe quelle heure, je commence à avoir envie d’une petite routine. Prendre un bain, me maquiller, me coiffer. Je teste donc chaque jour de nouvelles recettes. Dont certaines que j’ai gardées : les masques à l’argile verte pour détoxifier le cuir chevelu, mon gel à l’aloe vera que j’applique à sec sur les longueurs, de l’huile d’avocat (top pour la nutrition) mixée à de l’huile de coco (fortifiante) que je laisse poser des heures sous du cellophane, ou sous un Durag, cet espèce de Bandana qui enveloppe et protège le cheveux. Je commence même à donner des conseils à ma mère. Je suis contente parce qu’elle aussi apprend un peu plus chaque jour à soigner et à aimer ses cheveux. Elle les porte de plus en plus au naturel.”
Liberté capillaire
“Aujourd’hui, je vis des moments très libérateurs. J’ai arrêté de m’identifier aux autres, de me définir dans leur regard. Je connais ma valeur. Donc, que je porte mes cheveux bouclés, raides, ou sous une perruque, je le fais avant tout pour moi. Parfois, mes cheveux me fatiguent c’est vrai, parce que c’est du boulot au quotidien. J’apprécie même de les tresser en vacances pour ne plus avoir à m’en occuper pendant 3 semaines. Mais j’apprends à vivre avec eux et à les accepter tels qu’ils sont. En maîtrisant chaque jour de nouvelles techniques, comme fixer mes baby hair à la cire Edge Control par exemple, ou plaquer mes cheveux avec du gel sous un bandeau avant de les sécher à travers le tissu au diffuseur. A 27 ans, enfin, je peux dire que j’aime mes cheveux et que je m’amuse vraiment avec eux.”
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