Fétigué Mariam Koulibaly « Aider une femme, c’est aider tout un village »
On vous connaît pour votre activisme dans la lutte pour l’épanouissement de la femme. Pouvez-vous nous faire part de vos différentes expériences ?
J’ai travaillé dans différents organismes de la place. De retour des Etats-Unis,après mes études, j’ai travaillé pour le compte de la Banque mondiale dans un programme qu’on appelle le CIFAD (Comité International pour la Femme Africaine pour son Développement). Dans ce comité, nous avons mis en exergue tout ce qu’on peut faire pour que la femme africaine puisse s’accomplir. Surtout qu’en Afrique 70% des femmes sont dans le secteur informel. Au niveau du CIFAD, nous avons aidé les femmes. Nous avons initié ce financement comme un projet pilote afin que tous les pays africains puissent en bénéficier et faire pareil. Et je pense que nous avons, à travers ce programme, amélioré le cadre de vie de nos sœurs en Côte d’Ivoire.
Qu’est-ce qui a suscité votre candidature aux municipales à Marcory?
J’habite cette commune depuis 30 ans. Et quand j’étais au CIFAD, j’ai beaucoup aidé mes sœurs de Marcory. Ce sont elles qui ont suscité ma candidature. Elles disaient même à leurs enfants :« Si vous votez Fétigué, vous aurez du travail ». Juste pour vous dire que je suis à côté des femmes. Et qui dit être à côté des femmes, est aussi à côté des enfants.
Aujourd’hui quel est votre regard sur la situation sociale des femmes de Marcory ?
Vous savez, actuellement, c’est très difficile dans toutes les communes. Les femmes tirent le diable par la queue. En tout cas, ce n’est pas facile.Je les félicite pour leur courage. Mon objectif était de les encourager une fois aux affaires. Aujourd’hui, beaucoup de femmes ont perdu soit leur mari ou leur emploi. Et se retrouvent à la tête d’une famille. C’est pourquoi, il faut aider la femme. Parce qu’aider une femme, c’est toute une famille qu’on aide et même un village. Les femmes sont proches de leurs enfants et de leurs parents.Et j’en sais quelque chose. Je tenais à être élue à la tête de cette commune parce que si j’aide les femmes, c’est toute la population de Marcory qui est sauvée.C’était mon objectif.Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Ce n’est que partie remise.
Votre politique pour rendre les femmes ivoiriennes plus entreprenantes.
Il faut dire les femmes ivoiriennes sont entreprenantes parce que la plupart d’entre elles sont dans le secteur informel. Elles sont aux abords de leurs concessions pour faire de petits commerces. Je suis de tout cœur avec elles. Je travaille beaucoup avec elles et vois dans quelle mesure leur venir en aide.
Je suis venue en aide aux femmes du marché Amagou Victor. Je leur ai remis la somme de 5 millions qu’elles ont déposée dans une banque de la place. Avec cet argent, elles ont financé leurs activités. Les femmes d’Abia-Koumassi, les femmes et les jeunes d’Abedi village…ont reçu cette aide. Pour vous dire que les femmes ivoiriennes sont entreprenantes. Et quand ces dernières ont un peu de financement, elles se réalisent. Elles ont besoin d’encouragement.
Comment bénéficier de l’aide du CIFAD ?
Avec la situation socio-politique qu’a connu notre pays, le CIFAD n’a pas connu l’ascension qu’il faut. C’est pourquoi, nous essayons de renouer les contacts avec nos financiers pour relancer nos activités. C’est très important pour l’accomplissement des femmes ivoiriennes et africaines.
En tant que femme battante, ambitieuse…quelle est votre conception du leadership féminin ?
J’aime partager.Je suis au service de mes sœurs déprimées, celles qui ont des problèmes etc. Il ne suffit pas d’avoir beaucoup pour partager. Moi, je n’en ai pas assez mais j’aime partager. Peut-être que c’est pour cette raison que les femmes et les enfants me le rendre bien. Pour moi, être leader, c’est être un modèle. C’est assister les gens. En retour, ces personnes vous le rendent bien. Moi, je n’ai rien fait de particulier.
Selon vous, qu’est-ce qui symbolise la beauté africaine ?
(Rire) Ce qui nous symbolise, c’est notre corpulence, la chair bien charnue.Malheureusement, j’ai un peu dépéri sinon je suis une femme en chair. Nous sommes naturelles avec nos tresses et nattes. J’aime deux personnes. D’abord ma mère. C’est une véritable femme battante. Elle n’est pas allée à l’école, mais elle a suivi les cours d’alphabétisation. Et quand on la voyait, on ne pouvait s’imaginer qu’elle n’a pas fait les bancs. Elle s’habillait en robe etc. C’est bien plus tard que ses amies ont su qu’elle n’a pas fait les bancs. Donc, elle a été un modèle pour moi. Ensuite, la première dame de Côte d’Ivoire, Mme Thérèse Houphouët-Boigny.Elle est un modèle de beauté. Elle a révolutionnée la beauté africaine à travers le monde. Surtout aux Etats-Unis. Là-bas, j’ai découvert que c’est à travers cette grande dame que les Américaines ont compris que la femme africaine est une beauté. Elles ont commencé à se maquiller. Elle est donc un repère pour moi. Et, je l’admire beaucoup.
Avez-vous des rituels de beauté ?
(Rire)Je fais quelques soins de visage, la pédicure et la manucure. C’est tout.
Le meilleur conseil de beauté que vous pouvez donner?
Je demande aux femmes d’être naturelles, d’exploiter ce qu’elles ont en elles. Parce que chaque femme a quelque chose de particulier. Si ce sont vos yeux, mettez-les en valeur et ainsi de suite. Il faut se connaître et faire en sorte que votre atout soit reconnu et apprécié.
Et quel est votre atout ?
(Sourire) Je le laisse à votre appréciation, et à partir de là je vais le mettre en exergue. (Rire).
Votre secret pour demeurer belle….
(Rire) Je fais souvent de la gymnastique. Je marche beaucoup et je ne me laisse pas aller. Par exemple, quand je suis en pantalon et que je promène avec mon fils, les gens pensent que je suis sa grande sœur.Il est obligé de leur dire,‘’c’est ma mère’’ (rire).
Que pensez-vous de « Koundan magazine » ?
Je l’ai parcouru parce que j’ai quelques numéros. Ce magazine est la bienvenue et a sa place sur le marché ivoirien. J’encourage l’initiatrice et son équipe. Et j’invite la population à avoir chacun son magazine parce qu’il est riche en modèles de coiffure, couture…Moi, par exemple, je me suis inspirée d’un modèle dans le magazine « Koundan Magazine », c’est notre référence à travers l’Afrique et pourquoi pas l’Europe et les Etats-Unis.
Interview réalisée par Florence Edie
Commentaires récents