Révérende Jeanne Monney: « Une servante de Dieu au cœur de mère »
Mariée et mère de cinq enfants, la révérende Monney Jeanne consacre sa vie au service des autres. Et ce, depuis sa tendre enfance. Elle crée en 2002 la Mission Evangélique le Rocher des Siècles, ensuite une ONG de bienfaisance dénommée « Cœur de mère ». Dans cet entretien, elle nous parle de sa double vie de pasteur et de présidente d’ONG. RÉV. MONNEY JEANNE.
Vous êtes à la fois révérende pasteur, femme d’affaires et présidente d’ONG. N’est-ce pas un peu trop ?
Dieu merci, nous arrivons à cumuler toutes ces casquettes.
Pouvons-nous avoir une idée sur votre parcours ?
J’ai fait des études en transport aérien. Je peux dire que mon parcours professionnel a été sans faute. D’agent de comptoir en transport aérien, je suis devenue chef de comptoir. C’est l’étape finale dans ce domaine et c’est à ce stade que j’ai raccroché.
Pourquoi avez-vous arrêté un parcours aussi élogieux ?
Je passais tout mon temps à évangéliser au lieu de travailler convenablement. Au point où ma direction a trouvé que je transformais l’entreprise en église. J’ai compris à ce moment-là qu’on ne peut pas servir deux maitres à la fois, comme le dit la Bible. En tout cas, je ne regrette rien aujourd’hui.
N’était-ce pas une manière pour vous de choisir ce qui vous semblait simple ?
Au contraire, ç’a été difficile pour moi d’arrêter le boulot que je faisais et que j’aimais bien pour me mettre au service du Seigneur. Mon travail était bien rémunéré avec des avantages. Voyager facilement, obtenir des visas facilement. Mais le témoignage qui accompagne ce décrochage professionnel, c’est que le Seigneur m’a permis d’avoir le visa universel. Aujourd’hui je voyage un peu partout dans le monde. C’est dire que Dieu est capable de régler nos problèmes et nos inquiétudes selon sa volonté.
En quelle année avez-vous entendu l’appel du Seigneur ?
Entre 2000 et 2001, la lutte véritable s’est achevée en 2001 et le ministère est né en 2002. Mais il faut dire que le ministère a commencé sous forme de cellule pour devenir une église et une ONG au service des autres.
Parlez-nous de votre ONG
L’ONG que j’ai le plaisir de diriger s’appelle « Cœur de mère ». Pour moi, la vie n’a de sens que quand on vient en aide à nos semblables qui sont dans le besoin. Vous savez, quand j’étais jeune, je maternais déjà mes ainés. C’est moi qui faisais à manger à mon grand frère quand j’allais lui rendre visite au campus. Les petites économies de mes petits commerces de maïs et autres, je les mettais à la disposition de mes ainés lorsqu’ils étaient de passage à la maison les week-ends. A cet âge-là, ça me faisait déjà plaisir de casser ma caisse pour aider mes ainés. Avec du recul, aujourd’hui je crois que je suis née pour aider les autres. Cette ONG est donc une plate-forme pour continuer dans cette voie. Pour y arriver, nous avons ciblé trois catégories de couche sociale à qui nous venons en aide : les orphelins et enfants abandonnés, les jeunes vulnérables et les veuves et femmes en difficulté. Bien que nous ne soyons pas encore subventionnés, nous faisons tout pour venir en aide à ces personnes.
Pourquoi le nom « Cœur de mère » ?
Je pense que n’est mieux placé que la mère pour véritablement bâtir la maison comme le dit la Bible. Vous savez, bon nombre de jeunes prostituées justifient leur acte par le fait qu’elles doivent s’occuper de leurs enfants. La mère est également capable de marcher des kilomètres pour aller déterrer des tubercules de manioc ou couper des feuilles d’épinard pour juste nourrir ses enfants. Regardez ces balayeuses qui prennent de gros risques, juste pour assurer la pitance de leurs enfants. Quand je vois toutes ces choses, je ne peux que saluer le cœur de la mère. Quand le cœur d’une femme bat dans sa poitrine, on peut tout recevoir d’elle.
Quelles sont les actions que votre ONG a déjà menées ?
Nous distribuons des vivres et autres fournitures scolaires aux enfants et orphelins sans oublier les familles démunies. Chaque année, nous relevons le défi de scolariser 250 enfants et nous essayons de leur apporter des cartes de bus, ainsi que des bourses d’études. Nous avons élaboré des stratégies qui nous permettent d’agir sur trois, six mois etc. Nous collectons des fonds qui nous aident à assumer nos responsabilités. Nous soignons les malades abandonnés grâce à notre équipe qui sillonne les hôpitaux pour les identifier. Nous apportons de l’aide aux jeunes mères, qui sont susceptibles de jeter leurs enfants, sous la forme de conseils ou de kit de maternité afin de les amener à se savoir utiles pour la société. A ces mères-là, nous donnons donc des kits pour faire de l’alloco, des glacières pour la vente de jus, sans oublier les congélateurs. En temps de crise, nous avons le kit nourriture que nous offrons aux femmes pour qu’elles s’occupent de leur famille. Pour le moment, nous sommes à la phase éducative pour un changement de mentalité afin de permettre à la femme d’être renouvelée, d’arrêter de tendre la main à l’homme.
Pourquoi vos actions tournent-elles seulement autour de la femme ?
Parce que quand la femme va bien, la bonne marche de sa famille est assurée. La femme est comme une machine, quand elle est déprogrammée, elle fait des dégâts. Voyez vous, il est difficile par exemple pour une femme au chômage de laisser ses enfants aller à l’école sans manger, alors que l’homme dans la même situation peut ne pas réagir.
Que comptez-vous faire pour que la femme ivoirienne change de mentalité ?
Organiser des plateformes de sensibilisation à travers tout le pays pour leur dire qu’elles doivent se battre pour assurer leur survie. Votre mot de fin. Je demande à toutes les femmes de faire leur bilan, car les grands hommes ou les grandes femmes du monde sont ceux et celles qui font toujours leur bilan. Qu’on n’ait pas peur de voir en face nos erreurs afin de les corriger à l’avenir. Ne jamais abandonner, car le meilleur est toujours devant
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